Nous apprenons qu’après la Marmaille, qu’après la Fourmi, un nouvel espace dédié au spectacle vivant va disparaitre à Limoges : le Théâtre Expression 7 est en effet mis en demeure de quitter son lieu historique en juin 2021. En cause : un projet immobilier mené tambour battant par Limoges Habitat. Quel sens du timing à l’heure où notre secteur se débat dans une crise inédite : fermer un théâtre qui résistait vaillamment à l’épidémie de Covid ! Il fallait oser.
Le monde d’après c’est donc cela : faire disparaitre à coup de bulldozer un théâtre, 4 salariés permanents, un lieu de création dédié aux artistes de la Région. C’est inadmissible et nous sommes en colère.
Quel est donc l’excuse de ceux qui laissent faire cela ? Peut-on encore croire qu’une telle déclaration de guerre faite à un théâtre soit passée inaperçue de ses partenaires historiques ? Où sont les beaux discours de soutien au secteur du spectacle? Pour nous, aujourd’hui, ils seront enterrés sous les ruines d’Expression 7. Nous vivons une grave crise de confiance et il va falloir être très fort pour nous faire croire qu’aucune solution alternative n’est possible.
Nous en sommes arrivés là parce que Limoges Habitat, bailleur social piloté par Limoges métropole n’a jamais voulu intégré le projet artistique d’expression 7 dans son plan d’urbanisme, faisant fi de ses obligations dictées par l’ordonnance de 1945 interdisant de détruire un Théâtre sans l’aval du ministère de la culture qui par ailleurs n’y trouve pour l’instant rien à redire.
Parce que les institutions : DRAC, Région, Département, Ville et Métropole, partenaires du projet Expression 7 et garantes des politiques culturelles ont encore une fois failli à défendre les personnes et les outils sans qui ces politiques n’existent pas. Leur incapacité à protéger, à se battre pour les équipes et les lieux est irresponsable.
Pour nous, bien sûr, la question est plus vaste : la deuxième plus grande ville de Nouvelle-Aquitaine peut-elle vraiment voir ses lieux de spectacles fermer les uns après les autres sans que personne ne s’en émeuve ? La fermeture de ce théâtre, ce sont des possibles qui disparaissent pour les équipes artistiques. Une chape sur leurs prochaines créations. L’invisibilisation des jeunes artistes non encore repérées dans les gros réseaux de diffusion. La fin de partenariats. Un plateau de moins. Des professionnels en moins. Des emplois détruits.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce vent de destruction systématique qui s’abat sur les professionnels du spectacle vivant, qui assèche la proposition culturelle pour les spectateurs et contribue à faire de notre ville un emblème du désert artistique. Limoges est-elle devenue une ennemie de la culture ? Où sont ses salles de concert ? Où sont ses théâtres ?
C’est pourquoi nous nous opposerons inlassablement et par tous les moyens à notre disposition à la destruction du théâtre Expression 7. Nous demandons dès aujourd’hui un moratoire sur le projet immobilier de Limoges Habitat pour qu’il intègre le théâtre à son projet d’urbanisme. Nous demandons le rétablissement de la commission nationale de désaffectation des salles de spectacle supprimée par le ministère. Nous demandons la
tenue d’Etats généraux du spectacle vivant et de la création artistique à Limoges et pour tout l’ex-Limousin pour l’élaboration d’une politique culturelle de soutien à la création dans toute sa diversité. Nous demandons en sus un plan ambitieux à destination des compagnies pour mettre entre leurs mains : des moyens de production et des espaces de création digne de la deuxième plus grande ville de Nouvelle-Aquitaine.
Nous ne démordrons pas de l’idée que la richesse et la variété culturelle est un ciment de société indispensable pour faire face aux années qui s’annoncent
Ne pas agir face aux fossoyeurs du vivant serait criminel.
La fédération CGT SPECTACLE